Le Croisic. Sur l’estran, ils visualisent la crise de la biodiversité

Le Croisic. Sur l’estran, ils visualisent la crise de la biodiversité

LE CROISIC. SUR L'ESTRAN, ILS VISUALISENT LA CRISE DE LA BIODIVERSITÉ

Que faites-vous pour la planète ? Des algues disparaissent et tout l’écosystème en pâtit. Des étudiants en environnement ont pris des mesures sur les rochers du Croisic pour vérifier localement l’ampleur du phénomène.

 

Souvenez-vous de cette algue dont on faisait éclater les petites bulles, étant gamins. C’est le fucus vésiculeux. « On n’en voit presque plus sur nos côtes. Je l’ai constaté au sud de la Loire. Je ne pensais pas que c’était le même problème ici », constate Ismail Benyoucef. Ce matin-là, sur les rochers de la côte sauvage du Croisic, le professeur en expertise naturaliste encadre ses élèves en bachelor et master de l’école de gestion et de protection de la nature de Nantes.

 

Combien d’algues dans un m2 ?

La sortie aide à prendre des mesures sur l’estran, l’espace libéré par la mer quand elle redescend après la marée haute. « L’estran est un formidable réservoir de biodiversité, de variétés d’espèces, rappelle Ismail Benyoucef. Des algues, des huîtres et des moules, de nombreux oiseaux… Donc c’est aussi un bon indicateur de l’état de la nature. »

 

Ou comment visualiser, concrètement, certains effets de la crise de la biodiversité. Toute la matinée, les étudiants se baladent avec leur carré métallique. Posé sur les rochers, il permet de recenser les différentes espèces dans un mètre carré de surface. Une quinzaine de points sont explorés de cette façon à plusieurs endroits de l’estran. Ces données seront ensuite analysées. « Ils vont établir une cartographie et comparer avec des indices de biodiversités d’autres zones, explique le professeur. Cela permet aussi de mieux connaître ce type d’espaces. »

 

S’il mesure la disparition de certaines algues, le groupe constate aussi le développement d’espèces invasives. « La sargasse, par exemple, montre Ismail Benyoucef. C’est un gros problème dans les Antilles. Ça arrive ici ! Leur présence étouffe tout et créé des zones monospécifiques. »

 

Car les uns ne vont pas sans les autres. Une algue qui disparaît, c’est un maillon de la chaîne. « Moins d’algues, c’est moins de gastéropodes et moins d’oiseaux, rappelle le docteur en biologie marine. Les algues permettent aussi, comme les forêts, d’absorber du CO2. »

 

Pourquoi le fucus vésiculeux est-il plus rare ? L’algue n’est pas concernée par la cueillette. « Elle n’aime pas l’eau trop douce, c’est donc clairement lié au réchauffement, assure Ismail Benyoucef. Cet été, on voyait les algues cramer ! »

 

Réchauffement et biodiversité

Le réchauffement, l’activité humaine, le développement de l’urbanisme… « Avec les constructions, les assauts de la mer sont plus agressifs sur les rochers. »

Un million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction, estime l’IPBES, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité. La crise de la biodiversité et le réchauffement climatique sont intimement liés : « Les causes de ces deux phénomènes sont les mêmes et sont liées à nos modes de production et de consommation. Il faut donc répondre en même temps aux deux menaces », explique Sandra Lavorel, directrice de recherche et membre de l’IPBES.

 

Des étudiants en environnement viennent constater la perte de biodiversité sur l’estran rocheux du Croisic.

 

Source : Ouest France

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